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Briser le silence
Rapport final sur le processus de dialogue autour de la Stratégie fédérale contre la violence fondée sur le sexe

À propos du rapport

La ministre de la Condition féminine a reçu le mandat de travailler avec des expertes, experts, militantes et militants à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie et d’un plan d’action complet contre la violence fondée sur le sexe (VFS), en d’harmoniser ceux-ci avec les stratégies provinciales et territoriales en vigueur.

Des Canadiennes et Canadiens d’un bout à l’autre du pays – personnes ayant survécu à la violence, intervenantes et intervenants de première ligne, chercheuses et chercheurs, militantes ou militants – ont donc participé à un processus de dialogue devant orienter l’élaboration de cette stratégie. Des tables rondes, des réunions, des soumissions en ligne et des sondages ont permis de recueillir leur vécu et leurs réflexions en matière de VFS, ainsi que leurs suggestions sur les rôles que le gouvernement fédéral pourrait jouer dans ce domaine.

Le présent rapport souligne les thèmes qui sont ressortis du processus de dialogue. Il fait le survol des enjeux, des pratiques prometteuses et des défis les plus importants ayant été recensés.

Aidée par les fonctionnaires de Condition féminine Canada (CFC), la ministre de la Condition féminine d’alors, l’honorable Patty Hajdu, a veillé tout au long du processus à ce que soit bien représentée la diversité du vécu des survivantes et survivants de VFS au Canada, ainsi que de ceux et celles qui les soutiennent; elle a également eu soin de tenir compte de cette diversité dans l’approche adoptée par le gouvernement. Les faits saillants du rapport ne représentent pas un consensus ou un compte rendu exhaustif des propos et connaissances qu’ont offerts les Canadiennes et Canadiens. Le document souligne plutôt les enjeux et les idées d’intervention les plus fréquemment mentionnés, car il s’inscrit dans un dialogue continu avec la population sur la VFS.

Le rapport se divise en quatre grandes sections :

  • Le Contexte explique le rôle du fédéral dans la lutte contre la VFS, son approche et ce que nous savons sur la situation actuelle au Canada.
  • Le Processus de dialogue résume les façons dont le gouvernement du Canada a engagé des Canadiennes et Canadiens — expertes ou experts, intervenantes et intervenants de première ligne, ainsi que des personnes ayant survécu à la VFS ou militant au service de cette cause — d’un bout à l’autre du pays dans une discussion sur la VFS.
  • Le Sommaire des constatations discute des thèmes clés qui ressortent de l’ensemble des activités.
  • La Conclusion expose les principales constatations du processus de dialogue, lesquelles guideront les prochaines étapes.

Le gouvernement du Canada a veillé à ce que la diversité des vécus soit bien représentée ddans son approche de la VFS.

Contexte

À long terme, le gouvernement du Canada souhaite éliminer toutes les formes de VFS dans la vie publique comme dans la vie privée. Voilà sa vision à long terme. Selon les Nations Unies, le droit de vivre sans violence et sans discrimination est un droit fondamental. Il faut contrer la VFS pour réaliser notre objectif d’égalité entre les sexes – une priorité du gouvernement du Canada.

Consultez notre rapport, Préparation de la stratégie fédérale contre la violence fondée sur le sexe pour connaître le contexte de la VFS au Canada, y compris le rôle du fédéral, des provinces et des territoires.

Le gouvernement fédéral est l’un des nombreux acteurs qui œuvrent pour mettre fin à la VFS. Les provinces, les territoires, les municipalités, la société civile et les organismes communautaires jouent tous un rôle important dans la prévention et l’élimination de la VFS.

Comprendre la VFS

On entend par VFS tout acte de violence perpétré contre une personne en raison de son identité sexuelle (identité de genre), de l’expression de cette identité ou de son genre présumé. La VFS est le produit d’une société inégale. Elle trouve sa source dans la structure patriarcale de la société et elle est intensifiée par d’autres formes de discrimination, y compris le racisme, le colonialisme, le capacitisme, l’homophobie, la transphobie et la pauvreté. Par exemple, au Canada, le colonialisme joue un rôle dans la violence perpétrée contre les femmes et les filles autochtones.

On entend par VFS tout acte de violence ou mauvais traitement qui entraîne une blessure ou une souffrance, soit-elle de nature physique, sexuelle ou psychologique. En voici des exemples :

  • la violence physique;
  • la violence sexuelle (y compris l’abus sexuel d’enfants, le harcèlement sexuel et l’exploitation sexuelle);
  • la violence émotionnelle et psychologique (y compris les menaces, le harcèlement et l’intimidation);
  • la cyberviolence;
  • l’exploitation financière.
Qu’est-ce que la violence fondée sur le sexe (VFS)?

On entend par VFS tout acte de violence perpétré contre une personne en raison de son identité sexuelle, de l’expression de cette identité ou de son genre présumé.

La VFS comprend la violence faite aux femmes et aux filles, mais elle touche aussi de façon disproportionnée les personnes allosexuelles (lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, en questionnement quant à leur orientation ou identité sexuelle, intersexuées ou non conformes dans le genre) et bispirituelles, les femmes et les filles autochtones, membres d’une minorité visible, ou en situation de handicap, ainsi que les personnes âgées.

La violence peut avoir d’importantes conséquences permanentes sur la santé et le bien-être d’une personne. Ces répercussions peuvent comprendre des problèmes de santé mentale et physique, comme la dépression et l’état de stress post-traumatique, des infections transmissibles sexuellement, l’absentéisme à l’école et au travail et l’isolement social.

La VFS entraîne également des coûts économiques importants. Les coûts de la violence intime à l’endroit de Canadiennes se chiffrent à 4,8 milliards de dollars par année. La majorité de ces coûts (soins de santé, perte de temps d’études, visites chez le médecin et perte de services de garde d’enfants) sont assumés par les victimes. Outre les coûts qu’elle comporte pour des tierces parties, dont les répercussions sur les enfants et la famille et la perte de futurs revenus, la VFS impose un fardeau considérable à la justice pénale (services de police, procédures judiciaires, incarcération, aide juridique, etc.) et à la justice civile (ordonnances de protection, requêtes en divorce, protection de l’enfance, etc.) Note de bas de page 1.

Appels à l’action

L’élimination de la violence fondée sur le sexe est une priorité internationale et nationale. Ainsi, la campagne Tous UNiS pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes des Nations Unies demande aux pays membres d’adopter et de mettre en œuvre des plans d’action nationaux multisectoriels, disposant de ressources suffisantes, qui mettent l’accent sur la prévention. La stratégie contre la violence fondée sur le sexe répond à ces appels internationaux et nationaux en faveur d’une action immédiate et soutenue pour mettre fin à la VFS au Canada.

Une Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées est en cours au Canada. Elle fait pendant aux consultations que nous avons menées et donne suite aux demandes d’organismes autochtones locaux et nationaux. La mise en œuvre de la stratégie contre la violence fondée sur le sexe comprendra un suivi permanent de toute recommandation découlant de l‘Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.

Processus de dialogue

Tout au long de l’été et de l’automne 2016, l’honorable Patty Hajdu, alors ministre de la Condition féminine, a entendu ce que les Canadiennes et les Canadiens de l’ensemble des provinces et des territoires avaient à lui dire au sujet de la VFS. Ces personnes ont parlé de leurs expériences et cerné les principaux enjeux, les pratiques prometteuses et les lacunes en matière de prévention et de lutte contre la VFS.

La participation en chiffres :

  • 18 tables rondes (thématiques, régionales ou avec des personnes survivantes), soit 300 personnes issues de quelque 175 organismes distincts;
  • Plus de 7 500 réponses au sondage;
  • 40 mémoires reçus par courriel.

Des Canadiennes et des Canadiens aux vécus et aux perspectives diversifiées ont été invités à participer au processus de dialogue au moyen de diverses tribunes.

La contribution de survivantes et de survivants a constitué un élément important de ce processus. CFC a également demandé les points de vue d’intervenantes et d’intervenants de première ligne, de professionnelles et professionnels du milieu juridique et de la recherche, ainsi que de militantes et de militants, notamment : des femmes autochtones, des personnes allosexuelles (y compris des personnes non conformes dans le genre), des jeunes femmes, des femmes handicapées ainsi que des hommes et des garçons s’employant à mettre fin à la VFS. Participantes et participants témoignaient souvent sous plusieurs angles, par exemple : les personnes engagées dans la lutte contre la VFS sont parfois elles-mêmes des survivantes de la VFS.

Pour s’assurer du bien-fondé de la stratégie, le gouvernement du Canada a :

  • mis sur pied, pour une durée de deux ans, un conseil consultatif de 18 membres ayant pour mandat de conseiller la ministre et permettre l’échange de points de vue, de pratiques prometteuses et de résultats de recherche relativement à la violence fondée sur le sexe;
  • organisé des tables rondes thématiques  :
    • la VFS en ligne et chez les jeunes,
    • le renforcement des approches judiciaires,
    • la violence faite aux femmes et aux filles autochtones,
    • la promotion le changement socioculturel,
    • la sécurité et le bien-être des survivantes et des survivants,
    • la prévention et l’élimination de la maltraitance des enfants, en partenariat avec l’Agence de la santé publique du Canada;
  • organisé des tables rondes régionales à Vancouver, Yellowknife, Winnipeg, Thunder Bay, Montréal et Halifax, ainsi que des réunions individuelles dans ces villes;
  • rencontré en petits groupes des survivantes et survivants de différentes formes de VFS;
  • procédé à un sondage en ligne à participation volontaire afin de déterminer les priorités de la population canadienne relativement à la VFS et de recueillir son opinion sur l’efficacité des initiatives en cours ciblant la VFS;
  • invité le public canadien à communiquer ses commentaires par courriel, en utilisant une adresse dédiée;
  • organisé un panel d’expertise sur la prévention primaire de la VFS;
  • organisé avec la Société canadienne d’hypothèques et de logement une table ronde sur les maisons d’hébergement et de transition.

Sommaire des constatations

Cette section présente un résumé des réflexions qui ont été offertes à CFC dans le cadre des tables rondes et du sondage ou transmises par courriel. L’encadré à la fin de la section présente un résumé du panel d’expertise sur la prévention primaire.

Le sommaire débute par les principes clés qui se sont dégagés des différentes discussions. Il décrit ensuite les réflexions sur le rôle du fédéral dans la prévention et la lutte contre la VFS.

Principes clés

Ce que nous avons entendu :

  • Il faut une approche globale, axée sur les survivantes et survivants , c'est-à-dire qui soutient la personne ayant survécu à la violence en adoptant une perspective féministe, sensible aux traumatismes; on respectera la capacité d’agir de cette personne et on la reconnaîtra comme l’autorité pour tout ce qui concerne son vécu. La stratégie elle-même devra être nourrie par les populations qu’elle veut aider, par exemple on impliquera les jeunes dans les initiatives qui les ciblent.
  • Cette approche devrait aussi présenter les qualités suivantes :
    • Être anti-oppressive — Elle embrasse la diversité, reconnaît les inégalités qui existent et tient compte des besoins de différentes régions et populations. Par exemple, il faut veiller à fournir des services et de la documentation qui tiennent compte des particularités culturelles, utiliser un langage simple et élaborer des ressources en français, en langues autochtones et dans d’autres langues couramment utilisées.
    • Lutter contre la violence faite aux populations autochtones — La stratégie doit tenir compte des particularités culturelles et être axée sur la collectivité, tout en reconnaissant les besoins particuliers des différentes collectivités des Premières Nations et collectivités inuites ou métisses.
    • Répondre aux besoins particuliers des populations mal desservies, notamment les enfants, les jeunes, les personnes allosexuelles (y compris qui sont non conformes dans le genre), les femmes membres d’une minorité ou nouvellement arrivées, les femmes handicapées et les femmes qui vivent dans des régions rurales et éloignées.
    • Appuyer et respecter les besoins des personnes survivantes et de leurs enfants en tâchant de ne pas les séparer. Les participantes et participants ont souligné que cet aspect est particulièrement important dans le cas des femmes autochtones.
  • Pour être efficace, la stratégie devra tenir compte des problèmes sociaux plus vastes, c’est-à-dire :
    • S’attaquer aux causes profondes de la violence et aux facteurs qui la sous-tendent, y compris les inégalités systémiques entre les sexes, le sexisme, l’hypersexualisation des filles et des jeunes femmes, la culture du viol, le colonialisme et le racisme.
    • S’attaquer aux Addressing formes d’oppression croisées en reconnaissant que la violence s’inscrit dans un continuum qui englobe toutes les phases de la vie et tous les contextes. À titre d’exemple, des participantes et des participants ont remis en question la séparation entre la violence en ligne et celle qui s’exprime dans la « vraie vie ».
    • Tenir compte des autres enjeux sociaux (p. ex. la pauvreté, l’accès aux services de garde, l’équité salariale, l’itinérance et le logement abordable) qui contribuent aux inégalités et qui font obstacle au bien-être des personnes, ce qui comprend la possibilité pour elle de se bâtir une vie sans violence. On a souligné que les institutions peuvent contribuer à la violence, ou exercer elles-mêmes une violence, par exemple des survivantes ont dit s’être senties victimisées par l’appareil judiciaire.
Réflexions sur le rôle du fédéral dans l'élimination de la VFS

Lorsqu’on leur a demandé de réfléchir à ce qui fonctionne et à ce qui pourrait être fait pour combler les lacunes actuelles, les participantes et participants ont cerné des pratiques prometteuses ainsi que des défis dans les domaines qui suivent.

Selon le sondage en ligne, il faut s’attaquer en priorité aux formes suivantes de VFS :

  • Violence conjugal
  • Abus sexuels contre les enfants
  • Violence sexuelle
  • Cyberviolence
  1. Prévenir la VFS : poser les assises d’un changement de culture
    • On suggère une approche axée sur le cycle de vie. Les mesures d’intervention et de prévention doivent commencer dès la petite enfance, tenir compte de la grande vulnérabilité des jeunes, puis soutenir les adultes et les personnes âgées. L’enfance est vue comme étant prioritaire.
    • On a souligné un certain nombre de pratiques prometteuses de prévention qui visent l’ensemble du cycle de la vie, y compris :
      • Mobiliser les hommes et les garçons pour la prévention et l’élimination de la VFS — Cela inclut l’enseignement d’une saine masculinité, la participation d’hommes et de garçons à des stratégies de prévention, des programmes qui aident les hommes et les garçons à développer leur identité métisse, inuite ou de membre d’une Première Nation, et des stratégies de réhabilitation des hommes qui ont été violents;
      • Adopter une approche autochtone de prévention de la VFS, et mettre l’accent sur le respect de la famille;
      • Promouvoir de saines relations, notamment en aidant les jeunes qui fréquentent l’école secondaire, le cégep/collège ou l’université à apprendre ce qu’est le consentement;
      • Offrir aux femmes des outils pour les aider à reconnaître la violence et à fuir les situations violentes (par exemple, intégration de renseignements sur la sécurité aux programmes d’établissement des nouvelles arrivantes; éducation juridique; éducation financière de base);
      • Mettre en œuvre des campagnes novatrices de sensibilisation du public, par exemple mener dans les médias sociaux des campagnes contre la cyberviolence.
    • Les participantes et participants ont reconnu que, bien que du bon travail soit effectué pour prévenir la VFS, des défis demeurent.
      • Il est difficile de partager les connaissances et les ressources, ce qui signifie que les activités de prévention sont inégales d’une province ou d’un territoire à l’autre et que les chercheuses et chercheurs, de même que les personnes qui interviennent en première ligne, doivent continuellement « réinventer la roue ».
      • Tout en reconnaissant la distinction entre les mandats des différents ordres de gouvernement, les participantes et participants ont souligné l’importance d’un financement soutenu pour les programmes communautaires, précisant que le financement à court terme crée des défis supplémentaires.
  2. Favoriser la sécurité et le bien-être des personnes survivantes et de leur famille
    • Les participantes et les participants considéraient important d’avoir des groupes de femmes et des groupes féministes solides et indépendants pour défendre les droits des survivantes et survivants de la VFS et les soutenir.
    • Les participantes et les participants ont relevé certaines pratiques prometteuses liées à la prestation de services aux populations rurales, éloignées et vulnérables. En voici des exemples :
      • Des programmes mobiles qui fournissent de l’aide aux collectivités éloignées du Nord;
      • La prestation de services à des collectivités linguistiques minoritaires par les collectivités elles-mêmes et la prestation de services respectueux de la culture autochtone par et pour les Autochtones;
      • Des programmes fondés sur les arts à l’intention des jeunes, en particulier la jeunesse allosexuelle ou de genre non conforme.
    • Les participantes et participants ont également signalé le problème de la prestation de services équitables et accessibles à l’intention des populations vulnérables. Voici quelques exemples :
      • L’accès à des maisons d’hébergement pour les femmes handicapées et l’accès à des maisons d’hébergement sécuritaires pour les personnes allosexuelles, y compris les personnes non conformes dans le genre;
      • Des maisons d’hébergement sensibles aux particularités culturelles pour les populations autochtones dans les réserves et à l’extérieur des réserves.
    • Selon les participantes et participants, les organismes qui participent à la prestation de services de première ligne éprouvent des difficultés dans ces domaines :
      • La coordination entre services de santé et service sociaux;
      • La formation sur les pratiques anti-oppressives, la prise en compte des traumatismes et l’intervention auprès des populations vulnérables à l’intention des professionnelles et professionnels de première ligne et autres œuvrant dans le domaine de la VFS;
      • Le financement des réserves et des activités de défense des droits ou de soutien aux survivantes et survivants à l’intérieur et à l’extérieur des réserves.
  3. Aller de l’avant : promouvoir la rééducation et la prise en compte des besoins dans le système juridique et judiciaire
    • Les participantes et participants ont reconnu l’importance d’un système judiciaire sécuritaire, inclusif et anti-oppressif, tenant compte des craintes liées au signalement des actes violents à la police.
    • Les participantes et participants ont défini les éléments suivants comme posant un défi : 
      • Des mesures de soutien pour les femmes tout au long du parcours judiciaire, ce qui comprend l’accès des survivantes aux services d’une avocate ou d’un avocat pour défendre leurs droits, ainsi que du soutien pour les femmes incarcérées et celles qui réintègrent la société après une incarcération.
    • En ce qui concerne le signalement, les participantes et participants ont mis de l’avant les pratiques prometteuses suivantes pour aplanir les obstacles et améliorer leur sentiment de sécurité : 

      Il faut que les autorités respectent la dignité des personnes ayant survécu à la VFS, ont dit ces dernières, qui doivent aussi recevoir l’aide et le soutien nécessaires pour comprendre leurs droits.

      • Promotion des mesures de soutien communautaire pour les personnes survivantes et leur famille tout au long du parcours judiciaire;
      • Mise en œuvre de centres de guérison, de pratiques de justice réparatrice, de counseling tenant compte des particularités culturelles et de programmes de réhabilitation;
      • Prestation d’une formation sur la prise en compte des traumatismes pour le personnel du système judiciaire.
    • Voici les domaines où des mesures législatives pourraient être envisagées pour contrer et prévenir la VFS, y compris la VFS en ligne et la traite des personnes. L’un de ces domaines est le droit de l’immigration, qui pourrait être modifié pour tenir compte de la vulnérabilité particulière des nouvelles arrivantes à la violence conjugale.
      • Compte tenu du cycle de la violence et de la nécessité de se concentrer sur les enfants, les participantes et participants ont également suggéré de modifier les lois qui portent sur la violence conjugale, la garde des enfants et les châtiments corporels.
  4. Réflexions sur les activités fédérales

    Les participantes et participants ont insisté sur l’importance des éléments clés ci-dessous pour la stratégie :

    • Impulser et coordonner
      • Le gouvernement fédéral se doit de promouvoir le travail visant l’élimination de la VFS et les pratiques exemplaires. Il a également un rôle à jouer dans la coordination des initiatives gouvernementales et non gouvernementales qui ciblent la VFS à l’échelle du Canada.
    • Recherche et collectes de données
      • La collecte et l’analyse de données sont essentielles si l’on veut comprendre et mettre fin à la VFS. La boîte de texte intitulée Priorités de recherche suggérées résume les recommandations des expertes et experts à ce sujet.
      • Les participantes et participants ont discuté de l’importance de la recherche quantitative et qualitative pour rendre compte du vécu des Canadiennes et Canadiens ayant été victimes de VFS, en particulier ceux des populations vulnérables.
      • Des données nationales de base sont nécessaires pour mesurer l’efficacité des initiatives de prévention et d’intervention.
      • On a recommandé que le gouvernement fédéral agisse comme carrefour de la recherche, c'est-à-dire coordonne et diffuse les travaux.
      • De meilleurs liens entre le milieu de la recherche et les prestataires de services amélioreraient la recherche. En voici des exemples :
        • Explorer le quoi, le qui et le comment des interventions afin d’aboutir à des programmes et politiques bien fondés (c.-à-d., qu’est qui fonctionne? Pour qui? Dans quelles circonstances?).
        • Élaborer des solutions reposant sur des faits assurés, dont les résultats peuvent être mesurés et reproduits. On a également reconnu qu’il est important de définir des résultats à partir de la base. Par exemple, un cadre de suivi et d’évaluation autochtone était considéré comme une pratique exemplaire.

      Priorités de recherche suggérées

      • La nature de la VFS à l’intérieur de certaines populations, notamment les personnes allosexuelles (y compris les personnes non conformes dans le genre), les jeunes femmes et les femmes marginalisées, telles que les femmes autochtones, membres d’une minorité visible, en situation de handicap ou itinérantes, et les personnes qui vivent dans des régions rurales ou éloignées.
      • L’utilisation des services communautaires de lutte contre la violence.
      • La recherche holistique qui tient compte des enjeux sociaux et de questions de santé.
      • La recherche communautaire sur la violence faite aux femmes et aux filles autochtones.
      • La recherche sur les femmes des Premières Nations, les Métisses et les Inuites.
      • La recherche sur les technologies sûres pour contrer la cyberviolence.
      • La recherche sur la culture de la violence.
    • Responsabilisation
      • Des discussions ont souligné l’importance pour le gouvernement du Canada d’avoir des communications ouvertes avec les intervenantes et intervenants ainsi que la population canadienne dans le dossier de la VFS. Cela signifie qu’il faut élaborer des mesures communes de la réussite et rendre régulièrement compte de nos progrès.

Ces réflexions et ces connaissances orientent et appuient l’élaboration de la stratégie contre la violence fondée sur le sexe.

Panel d’expertise sur la prévention primaire des violences contre les femmes et les filles

Les 20 et 21 septembre 2016, Condition féminine Canada a organisé un panel d’expertise à Gatineau, Québec. Ce panel a réuni treize Canadiennes et Canadiens possédant une expertise dans la prévention primaire des violences contre les femmes et les filles au Canada.

Le terme « prévention primaire » désigne généralement les mesures qui visent à empêcher qu’une condition se réalise ou qu’une situation se produise en modifiant les facteurs qui causent ou entraînent certaines conditions, ou en augmentant la capacité des survivantes et des survivants de faire face à ces conditions ou comportements.

La discussion a porté sur ce que nous savons et ne savons pas au sujet de la prévention primaire, y compris les principaux facteurs de risque, de vulnérabilité et de protection liés à la violence conjugale, à la violence dans les fréquentations et à la violence sexuelle; les interventions conçues pour prévenir la violence fondée sur le sexe; et les besoins en matière de recherche.

Parmi les faits saillants :

  • On comprend généralement bien les facteurs de risque qui rendent une personne plus vulnérable à la VFS. Ces facteurs de risque incluent : les attitudes sexistes, les inégalités entre les sexes, la pauvreté (ou les inégalités économiques), la maltraitance infantile, une exposition précoce à la violence ainsi qu’un vécu institutionnel. Les membres de certaines populations vulnérables, dont les personnes ayant une identité de genre non conforme, les femmes autochtones, les femmes membres d’une minorité visible et les femmes handicapées risquent plus que les autres de subir des violences fondées sur le sexe.
  • Par ailleurs, on connaît moins bien les facteurs de protection. Les facteurs de protection peuvent réduire la vulnérabilité à la VFS. Cela est particulièrement vrai des interventions auprès de populations minoritaires.
  • Qui plus est, nous disposons de peu de connaissances sur ce qui fonctionne pour prévenir différents types de VFS dans différentes populations et différents contextes.
  • Globalement, un programme de recherche visant à nous faire mieux connaître les pratiques exemplaires devrait :
    • Évaluer les changements de comportement et la capacité communautaire;
    • Être mis à l’essai dans différents milieux (écoles, milieux de travail, etc.);
    • Cibler différentes formes de violence (harcèlement sexuel, violence conjugale, etc.);
    • Mettre l’accent sur différents groupes à différents points d’intervention (enfants exposés à la violence, populations vulnérables, hommes et garçons, pères, etc.);
    • Utiliser diverses stratégies de prestation (marketing social, lignes d’écoutes, etc.);
    • Utiliser différentes méthodes de recherche;
    • Explorer les obstacles et défis touchant la mise en œuvre;
    • Reposer sur de solides partenariats avec les collectivités;
    • Viser le long terme;
    • Prévoir un solide mécanisme de responsabilisation.
  • Parmi les priorités pour la recherche et la collecte des données : accroître les connaissances sur les facteurs de risque et de protection, tout particulièrement chez les groupes marginalisés; élaborer et mettre en application des outils de surveillance des médias sociaux; approfondir les connaissances sur les mesures efficaces de prévention; examiner les politiques qui ont une incidence sur l’égalité entre les sexes du point de vue de la VFS; et élaborer et réaliser des enquêtes afin de mesurer l’étendue de VFS et de déterminer les diverses formes qu’elle prend parmi les Canadiennes et Canadiens.

Dans l’ensemble, le panel a convenu qu’il existe de nombreuses lacunes dans nos connaissances sur la prévention primaire et les interventions clés, et que d’autres études doivent être réalisées. Ses discussions ont fait ressortir plusieurs pistes pour garantir l’efficacité des programmes d’intervention primaire et de leur évaluation.

Conclusion

Le gouvernement a entendu un large éventail de Canadiennes et Canadiens qui ont été victimes de la VFS ou qui travaillent à la prévenir et à l’éliminer, et il a appris beaucoup d’eux. Ce dialogue a lancé une conversation nationale sur les enjeux de première importance, ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, et ce qui nécessaire pour contrer et, éventuellement, éliminer la VFS au Canada. Ce dialogue se poursuit, et il contribuera à éclairer les futures interventions fédérales.

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